Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Sénateur-Maire,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Mesdames et Messieurs les Administrateurs,
Messieurs les Délégués Syndicaux,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir, Monsieur le Ministre, dans une entreprise qui, vous allez le découvrir, est une maison du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
La SAPHIR est une maison du travail parce que notre métier principal est d’apporter aux agriculteurs la première des matières premières dont ils ont besoin : l’eau. Même si celle-ci tombe du ciel, en quantité du reste irrégulière, seuls le travail de l’homme et les ouvrages qu’il construit permettent de la distribuer au bon moment et au bon endroit. J’ajouterais au bon prix, mais ce que paye l’agriculteur, ou les communes qui sont nos clientes, ce n’est pas tant l’eau elle-même, c’est le service de l’eau. C’est le travail des quelque 90 personnes employées par la SAPHIR qui mérite salaire.
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Je veux parler de tous ceux qui entretiennent nos 400 kilomètres de réseau, des ingénieurs, techniciens et agents de réseau qui en assurent l’exploitation et la maintenance, des chargées de clientèle qui connaissent chaque agriculteur, des monteurs en irrigation, etc.
C’est ainsi que la SAPHIR permet à quelque 5.000 exploitations du sud, réparties sur 8.000 hectares, d’exercer leur métier. 8.000 hectares, c’est un tiers de la surface agricole consacrée à la canne, donc grosso modo un tiers des 12.000 emplois que représente la filière canne à la Réunion sur les 22.000 emplois du secteur agricole. Et nous parlons bien d’emplois marchands, puisque l’industrie agro-alimentaire génère bon an mal an 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires à la Réunion.
Donc, oui, nous sommes ici au service de l’emploi local et vous êtes bien dans une maison de l’emploi.
Vous êtes également, Monsieur le Ministre, dans une maison de la formation professionnelle. Parce que toute la gestion de la SAPHIR est axée sur l’accroissement et la capitalisation des connaissances au service de l’usager. Un chiffre seulement : nous consacrons en 2013 83.000 € à la formation du personnel, soit 1,7 % de notre masse salariale brute.
Il ne faut pas s’en étonner : l’eau, comme la connaissance, est un bien public, l’accès à l’eau comme l’accès au savoir doit donc être garanti par la puissance publique.
La Réunion s’est dotée et continue de se doter grâce notamment aux fonds de l’Etat, de l’Union européenne et du Conseil Général d’infrastructures hydrauliques majeures.
Imagine-t-on que de tels ouvrages, avec leurs interconnexions, bientôt leurs unités de traitement, puissent être conçus, exploités et maintenus sans une ambitieuse politique de transmission des savoirs ?
Au-delà de la formation initiale, je veux insister sur l’importance des savoirs pratiques, de ce qu’on appelle le savoir-faire.
Voilà un actif immatériel irremplaçable qui ne s’acquiert qu’avec l’expérience, sur le terrain.
Pour toute entreprise, identifier ces compétences, les développer et les transmettre, c’est simplement une question de survie. Laisser s’installer des monopoles techniques, des monovalences, c’est risquer la sortie de route.
La réponse à ce problème tient dans ce qu’on appelle GPEC : Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences.
Si l’appellation est technocratique, la réalité qu’elle désigne est essentielle : savoir qui détient une compétence-clé, qui est sur le départ, mettre en œuvre un système efficace de capitalisation des savoirs pour anticiper tout risque de perte de maîtrise, voilà l’enjeu pour une entreprise. En un mot, il faut gérer un actif immatériel et gérer le temps.
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En quoi les contrats de génération nous ont-ils aidés, puisque nous en avons signé 3 en avril et que nous allons de nouveau en signer 3 ?
En adhérant au contrat de génération, l’entreprise signale d’abord à son personnel et à ses partenaires sa volonté de contribuer à la solution d’un problème collectif d’une gravité sans pareille : le chômage des jeunes.
Elle exprime ainsi un choix stratégique, je dirais même identitaire. En clair que le chômage des jeunes la concerne directement, et qu’elle ne peut pas assurer son avenir dans une société qui n’en offre pas à sa jeunesse.
C’est en quelque sorte la dimension sociale du développement durable qu’elle revendique comme un avantage comparatif. Entreprise oui, mais citoyenne, c’est-à-dire solide et solidaire à la fois.
Solide, l’entreprise l’est en donnant à une organisation nécessairement tentée par la routine une nouvelle impulsion managériale.
D’une part le jeune se révèle au contact du senior, comme un élève au contact d’un maître. Bachelard disait : « le moi s’éveille dans la grâce du toi ». Autrement dit, nous aidons le jeune à se construire par des rencontres qui le révèlent à lui-même.
Du côté du senior, c’est le même processus : obligé de formaliser ce qu’il pratiquait instinctivement en étant mû par l’expérience, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, voilà qu’il doit décrire ce qu’il sait, donc organiser ses connaissances, les clarifier pour mieux les transmettre.
Quant à l’entreprise, elle doit mettre en œuvre un transfert de technologies pour être au rendez-vous de l’économie de la connaissance.
Il s’agit de faire l’inventaire de son patrimoine pour mieux le gérer.
Les contrats de génération sont donc utiles parce qu’ils incitent les entreprises à investir dans la connaissance qu’elles ont d’elles-mêmes, à inventorier leur patrimoine immatériel, à le protéger pour mieux le transmettre. Dans une économie de la connaissance, nos entreprises seraient plus riches si elles savaient tout ce qu’elles savaient.
Bien sûr, la SAPHIR a d’autres touches à son clavier : les apprentis, les personnels en contrat unique d’insertion que nous accueillons et formons à raison d’une cinquantaine par an dans chacune de ces catégories, les stagiaires, etc.
Notre budget annuel pour l’insertion au sens large est ainsi de 252.000 € en 2012, soit 5,5% de la masse salariale.
Vous l’avez compris, le domaine social est un domaine où nous sommes particulièrement actifs.
Et pour cause : dans un département où il existe 30% de chômeurs, une entreprise ne peut croître hors sol, ni devenir un îlot de prospérité dans un océan de précarité.
Elle doit aussi créer de la cohésion sociale, c’est en cela qu’elle est solidaire. Et cette cohésion est d’abord interne à l’entreprise.
A ce stade de mon propos, vous avez deviné, Monsieur le Ministre, que je vais vous introduire dans la maison du dialogue social.
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